Mardi, nous nous dirigeons vers Potosí (cette fois dans un super bus, dommage que ce ne soit que pour 3h!).
C'était la ville minière la plus importante de Bolivie, où l'on y exploitait l'argent (enfin, les Espagnols bien sûr). C'était une cité coloniale très riche, et au XVII ème siècle, une ville aussi importante que Paris et Londres. Ce fut aussi le lieu du génocide de millions d'indiens qui travaillaient dans les mines dans des conditions épouvantables, comme nous l'avons tous appris dans nos livres d'histoire. En bref, travail forcé et gratuit, si difficile que beaucoup mourraient d'épuisement et les autres de maladies ou empoisonnés par les vapeurs du mercure qui servait au traitement de l'argent. Ils n'avaient pour seule nourriture que des feuilles de coca, vendues par les responsables des mines...
Aujourd'hui, les filons d'argents épuisés, Potosí est restée une belle ville, mais elle a connu une grande décadence. Cette région est à présent une des régions les plus pauvres de Bolivie, c'est écoeurant...
Le "Cerro rico", percé de 10 000 galeries, au pied duquel se trouve la ville.
Quand on approche de la ville en bus, on peut voir de nombreux quartiers ouvriers, en chantier, assez tristes, mais le centre offre un sacré contraste avec ses nombreuses églises baroques, ses balcons en bois aux premiers étages des petites maisons du centre, sa place avec fontaines et grands arbres. Ici, il y a des petites rues piétonnes, et parfois même sinueuses ! (c'est chose rare en Amérique Latine : très généralement, tout est quadrillé et il n'y a pas vraiment la place à l'imprévu).
D'après le routard, c'est la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute du monde, avec ses 4 090 m d'altitude.
Nous n'avons pas visité les mines, par choix même si cela peu se discuter, considérant un peu honteux le fait d'aller se faufiler avec un groupe de touristes dans les galeries en même temps que travaillent de nombreux mineurs juste à côté.
Nous avons par contre visité la ville, notamment le couvent de l'ordre des Carmélites (avec une visite guidée de 2h hyper intéressante sur ce lieu magnifique et en même temps très intriguant par la vie très stricte qu'y menaient les soeurs), et nous avons assisté à la venue du Président en personne, Evo Morales !
C'était une pure folie, on a pu voir à quel point il est apprécié (en tout cas dans ce secteur). De nombreuses communautés indiennes de la région s'étaient retrouvées sur la place principale, devant la Maison du Gouverneur, pour l'accueillir comme il se doit : chants, danses, musiques, banderoles et drapeux. Chaque groupe portait son costume de fête traditionnel.
Nous avons attendu nous aussi la sortie d'Evo (pendant 4h!) et oui, nous avons réussi à l'apercevoir... Il a serré quelques poignées de main, notamment aux mineurs qui formaient un cordon devant la place, puis ça a tout simplement été une grande fête en pleine journée, on vous laisse en juger avec quelques photos et vidéos !
Le lendemain, nous avons assisté au défilé de toutes les écoles de la ville en l'honneur de la journée anniversaire de la création de Potosi. Les élèves étaient tous sur leur 31 et marchaient au rythme de l'orchestre militaire ou du leur. C'était impressionnant de voir toute la jeunesse réunie pour cet évènement et d'autant plus lorsqu'on se rend compte que c'est l'avenir du pays qui défile devant nous.
Le jeudi 31 mars nous reprenons un bus pour Tucumán, en Argentine (une trentaine d'heures de voyages !), et nous laissons pour une prochaine fois (avec regrets !) notre visite du fameux Salar d'Uyuni (le plus grand désert de sel du monde). En effet, avec la saison des pluies, il s'est gorgé d'eau et il est impossible d'y entrer en voiture. Donc plutôt que de le longer avec envie, on préfère retenter notre chance en juillet, quand nous remonterons vers l'Equateur !